APPELS A COMMUNICATIONS

S’approprier les espaces et les métiers de l’international

Femmes et féministes européennes au XXe siècle

Journée d’études pluridisciplinaire, 19-20 juin 2025  (Campus Condorcet, Aubervilliers)

Organisateurs : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR SIRICE, UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, EUGENDERING

Date limite d’envoi des propositions : le 15 décembre 2024

AAC (PDF)

La journée d’études, organisée par la Chaire de professeur junior « Société civile, institutions et coopérations européennes (XIXe – XXIe siècles) », l’UMR SIRICE, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Chaire Jean Monnet EUGENDERING (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), s’intéresse aux croisements entre histoire des relations internationales, histoire de la construction européenne, histoire des femmes et du genre, études européennes et études de genre. En effet, depuis le début du XXIe siècle, l’historiographie des relations internationales et de la construction européenne connaissent des transformations profondes qui ont permis l’intégration d’une perspective de genre. Parallèlement, l’histoire des femmes et du genre adopte de plus en plus souvent une perspective transnationale, voire mondiale. La redéfinition des notions de « relations internationales » et de « diplomatie », la diversification des acteurs – et actrices – et une nouvelle compréhension des lieux de l’international ont, en d’autres termes, permis d’aller bien au-delà d’une histoire politique traditionnelle et d’écrire une histoire sociale et culturelle des acteurs et pratiques diplomatiques.

Ces renouvellements historiographiques ont favorisé l’écriture d’une histoire des relations internationales et, dans une moindre mesure, de la construction européenne intégrant à la fois la présence des femmes et une perspective de genre. Les travaux portent sur l’entrée des femmes dans la diplomatie, sur leur accès à des fonctions dans les institutions européennes et les organisations internationales, mais aussi sur la place tenue par les féministes et leurs réseaux transnationaux dans les relations internationales. Ces recherches ont mis en lumière la participation des femmes aux relations et organisations internationales, aux négociations formelles et informelles, aux mouvements abolitionnistes, humanitaires, pacifistes et féministes, aux circulations d’idées et à des réseaux de sociabilités transnationaux. Il est désormais avéré que les femmes étaient plus visibles, dans l’histoire des relations internationales et de la construction européenne, qu’elles ne le sont, dans l’historiographie et dans les analyses mainstream de ces phénomènes d’intégration.

Malgré les transformations importantes que ces champs de recherche ont connues depuis la fin du XXe siècle, intégrer une perspective de genre dans ces domaines scientifiques reste loin d’être évident. L’objectif de cette journée d’études est double. Premièrement, elle permettra de faire un état des lieux, en discutant notamment des défis théoriques et méthodologiques des approches qui se situent au croisement de l’histoire des relations internationales, l’histoire de la construction européenne, l’histoire du genre et des féminismes, des études européennes et des études de genre. Deuxièmement, la journée d’études offrira un lieu de débat autour d’études de cas, de travaux empiriques récents ou en cours. Elle s’adresse donc explicitement aux doctorant·es et jeunes chercheur·es.

La journée d’études s’articulera autour de trois axes de recherche.

  • Outils, concepts et approches. Comment étudier et mettre au jour les rapports de pouvoir et de domination, mais aussi de coopération, qui structurent la politique internationale et son histoire ?

Un des objectifs de cette journée consiste à porter un regard réflexif sur les apports d’une perspective de genre à l’étude des relations internationales, de la construction européenne et de leur histoire. Il s’agira de se pencher sur les renouvellements historiographiques à l’œuvre dans l’écriture d’une histoire des coopérations européennes et trans/inter/nationales au féminin. Il s’agira également de s’intéresser à la façon dont les études de genre ont contribué à déplacer et à enrichir non seulement l’éventail des objets d’analyse des études européennes, des relations internationales et de leur histoire, mais aussi les lunettes théoriques et méthodologiques chaussées pour les aborder.

Quelles critiques des théories et approches dominantes pour mettre au jour les principaux mécanismes de la domination de genre ? Quelles innovations et hybridations méthodologiques pour appréhender la place des femmes et des féministes comme des éléments constitutifs des espaces de la politique internationale et européenne ? Quels déplacements analytiques et conceptuels pour penser la production du genre et ses effets dans ces espaces ?

  • Les espaces de l’international : mobilités, investissement et légitimation

Une acception large des espaces de l’international est fondamentale afin de rendre visibles les femmes qui particip(ai)ent aux relations internationales tout en restant exclues, pendant très longtemps, des lieux de décision. De récents travaux, comme celui de Mona L. Siegel sur la Conférence de la Paix en 1919, ont démontré l’importance de décentrer et d’élargir notre regard afin de saisir la mobilité entre les différents espaces de l’international, du plus officiel au plus officieux, et leur investissement progressif par les femmes et féministes. Cela implique de tenir compte de la diversité des acteurs et actrices dans ces espaces, dont une partie bénéficie d’une reconnaissance officielle alors que d’autres sont en quête de légitimité. Cette manière d’écrire l’histoire requiert une attention particulière aux interactions entre les lieux officiels et inofficiels de l’international, aux jeux d’échelles entre local, national, européen et international, et donc aux pratiques de négociation plus qu’à leurs résultats. Ce n’est pas simplement l’« impact » des femmes et féministes dans les relations internationales qui nous intéresse, dans un sens politique traditionnel, mais, avant tout, leurs actions et propositions, leurs marges de manœuvre et leur capacité d’agir, c’est-à-dire leur agency.

  • Les métiers

La journée se propose enfin de développer la réflexion sur les métiers féminins internationaux, sur leur structuration, leur professionnalisation et leur développement. Fonctionnaire publique internationale, ambassadrice ou diplomate, interprète de conférence, traductrice, bibliothécaire, secrétaire sont autant de métiers sur lesquels de premières études existent, mais que nous souhaitons voir se multiplier.
La journée d’études accueillera historien·nes, politistes, sociologues et chercheur·es d’autres disciplines dont les travaux portent sur les femmes et féministes en tant qu’actrices des relations européennes et internationales au XXe siècle. Le comité scientifique sera particulièrement attentif à des présentations qui proposent des renouvellements méthodologiques et théoriques, également dans une perspective post-coloniale ou intersectionnelle. Géographiquement, l’Europe est au cœur de cette journée d’études, mais dans un sens large, comprenant aussi bien ses marges que ses relations avec le monde.

Les propositions de communications (une page), accompagnées d’un CV succinct devront être envoyées, avant le 15 décembre 2024, à peter.hallama@univ-paris1.fr. Les langues de travail de la journée d’études seront le français et l’anglais. Les organisatrices et organisateurs de la journée d’études prendront en charge les frais de déplacement dans la mesure du possible.

Comité d’organisation : Laurence Badel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR SIRICE), Peter Hallama (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR SIRICE), Sophie Jacquot (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles / Chaire Jean Monnet EUGENDERING)

Comité scientifique : Pascale Barthélémy (EHESS / IMAF), Anne-Laure Briatte (Sorbonne Université / UMR SIRICE), Elena Danescu (Université du Luxembourg / EUI Florence), Jane Freedman (Université Paris 8), Claire Lafon (EUGENDERING / Université des Femmes)