| Relations internationales |
Aux origines
En 1974, les fondateurs de Relations internationales, Jean-Baptiste Duroselle et Jacques Freymond, présentaient ainsi la nouvelle revue :
« Nous ne commencerons pas cette revue par un manifeste. Elle se place en effet sous le signe de la liberté. Autour d’un thème général, choisi d’avance pour chaque numéro, les auteurs ̶ pour la plupart historiens de profession ̶ peuvent sans aucune contrainte présenter leurs découvertes et leur interprétations. À une époque où les sciences humaines en sont encore à leurs premiers balbutiements, nous pensons que le meilleur moyen de faire progresser la connaissance de la vérité réside dans la confrontation.
Il y a bien des années que les deux signataires de cet avant-propos ont commencé à envisager la création de la revue Relations internationales. Au fond, il n’a fallu attendre que le moment où ils auraient rassemblé des équipes assez nombreuses de collègues, d’amis et de disciples pour donner forme à leur projet. D’un côté, l’Institut Universitaire des Hautes Études Internationales, fondé par William Rappard et Paul Mantoux à Genève, de l’autre l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines créé à la Sorbonne (maintenant Paris I) par Pierre Renouvin, groupent des historiens qui ont en commun le goût des relations internationales, la certitude que l’histoire doit être globale, et le degré de compétence que procurent de longues recherches, notamment dans les archives. Associer ces deux Instituts en une commune entreprise nous a paru être la meilleure méthode pour assurer le développement et la diffusion de travaux déjà considérables. Il va de soi que si ces deux équipes constituent le noyau de l’entreprise, celle-ci est ouverte largement à tous les historiens qui partagent nos préoccupations.
On n’a jamais autant parlé de « relations internationales » que dans la seconde moitié de notre siècle. D’immenses efforts, accomplis principalement aux États-Unis, ont tendu et tendent encore, à élaborer une « théorie » de ces relations. Il nous apparait que l’historien ne peut pas plus négliger ces théories que l’apport des autres sciences humaines : psychologie, psychologie sociale, science économique, démographie, géographie, etc. De même qu’il n’est pas interdit au théoricien de connaître avec précision les faits et les événements, de même le véritable historien ne peut être créateur s’il se dispense d’idées générales et se borne à la compilation. Cette revue est une œuvre d’historien qui, se plaçant essentiellement dans la période contemporaine ̶ disons les cent dernières années ̶ propose aux spécialistes et au public cultivé des études proprement historiques, auxquelles ils ajoutent parfois des réflexions théoriques. Même la théorie qui s’élabore ne provient ici ni de jeux abstraits, ni d’hypothèses irréelles. Elle se fonde sur l’histoire, c’est-à-dire sur la réalité.
Que la revue Relations internationales soit d’abord centrée sur une collaboration franco-helvétique ne nous paraît pas indifférent. Dans un monde où foisonnent doctrines de démocratie libérale et écoles marxistes, notre localisation, la composition même de nos équipes nous rendent plus ouverts au marxisme que ceux qui vivent aux États-Unis, plus libres de le discuter qu’en URSS, ou en Europe de l’Est.
Finalement, parce que l’histoire c’est la vie, nous éprouvons un grand éloignement à l’égard de ceux qui, oubliant qu’elle est aussi un art, se lancent avec délices dans le verbiage ésotérique des faux savants. Nous nous efforçons de rendre cette revue claire et agréable ; L’histoire appartient à tous, et nous nous refusons à considérer le petit groupe des historiens comme une secte pédante. L’histoire des relations internationales nous aide à comprendre le monde où nous vivons. Notre but est d’aider à cette compréhension. Et nous espérons que de nombreux lecteurs aimeront cette nouvelle revue ».
Jacques Freymond – Jean-Baptiste Duroselle
Près de cinquante ans après, dans un monde et un climat intellectuel profondément transformés, cette déclaration d’intentions garde, à nos yeux, toute son actualité.
Présentation de la Revue
Lancée en 1974 à l’initiative des professeurs Jean-Baptiste Duroselle (Paris) et Jacques Freymond (Genève), Relations internationales est l’un des seuls périodiques francophone d’histoire des relations internationales.
Plus de cinquante ans après sa fondation, dans un monde et un climat intellectuel profondément transformés, la déclaration d’intentions des fondateurs garde toute son actualité : la liberté de pensée et d’expression, dans le respect des règles scientifiques, et le goût de l’histoire constituent toujours l’ADN de Relations internationales, une histoire rigoureusement fondée sur l’établissement des faits, en même temps qu’ouverte aux éclairages des sciences sociales.
La revue demeure fidèle à la ligne politique et intellectuelle de l’école historique française fondée par le doyen Pierre Renouvin qui, au-delà de l’action des « décideurs » et des États, cherche à expliquer les relations internationales par les « forces profondes » et leurs jeux complexes. Sous ces auspices, Relations internationales a l’ambition de couvrir l’ensemble du champ de l’histoire internationale contemporaine, du XIXe siècle aux époques récentes. Mais, depuis cette période fondatrice, la discipline a connu des renouvellements importants et, à l’instar d’autres champs historiques, a été marquée par un phénomène de transnationalisation et de mondialisation des espaces et des thématiques étudiés.
La spécificité de l’histoire des relations internationales reste sa maîtrise des jeux d’échelles et des temporalités, sa capacité à penser ensemble le national, l’infra-, l’inter- et le supranational, le régional et le transnational, le local et le transfrontalier, en inscrivant ces relations dans un cadre systémique. Libres de leurs convictions et de leurs approches, les auteurs analysent les rapports et circulations entre États, entre groupes multinationaux ou transnationaux, à l’intersection des domaines économiques, psychologiques, idéologiques, culturels, scientifiques, stratégiques et politiques.
Historiens universitaires qui enseignent l’histoire internationale dans des universités de France, de Suisse, de Belgique et d’ailleurs, chercheurs appartenant à des centres de recherche, ils viennent de divers horizons, des plus confirmés aux doctorants. La revue accueille aussi, à l’occasion, les témoignages de personnalités, actrices de la vie internationale.
Fidèle à ses origines franco-suisses, la revue Relations internationales est aujourd’hui parrainée par l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC), l’Institut des hautes études internationales et de développement (IHEID) de Genève, et l’Institut Pierre Renouvin (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ses premières décennies ont beaucoup dû à ses deux chevilles ouvrières, Pierre Guillen et Jean-Claude Allain.
Après les éditions Lavauzelle, les Presses universitaires de France publient depuis 2005 les quatre numéros annuels de la revue. L’un est consacré aux « Nouvelles recherches », soit une sélection d’articles variés, œuvres souvent de jeunes auteurs, mais sans exclusive, un autre est essentiellement constitué d’un dossier thématique portant sur un sujet choisi par le comité de rédaction, et deux numéros publient les contributions présentées au colloque annuel organisé de concert par l’IHRIC et l’IHEID. Ces publications se font sous forme papier et sous forme électronique.
La revue est disponible en texte intégral (PDF) du numéro 1 (mai 1974) au numéro 103 (automne 2000) sur ProQuest Periodical Archives Online (accès payant).
Elle est aussi disponible en texte intégral sur Cairn depuis le numéro 104 (hiver 2000). La totalité des articles des numéros sont en accès libre deux ans après leur publication.